mardi 2 octobre 2012

28 septembre: Garzin - Vogelsang

220.4km en 11:58 de Berlin (52*11'46"N, 14*41'02"E)
C'est très chouette les randonnées à vélo, on a le temps de voir le monde qui nous entoure et de penser à pleins de trucs. Aujourd'hui par exemple, j'ai plongé mon nez dans les nuages afin de les regarder changer de forme au fil de secondes ou des minutes. Du coup, ces mutations m'ont inspiré pour un petit poème auquel se sont invités le vent et la pluie... dans le texte.
Le problème avec le vélo, c'est que les deux mains sont prises alors que mon esprit vagabonde. Et de ce fait, ce vagabond ne se laisse pas prendre. J'ai beau accéléré, il ne se laisse pas rattraper. Et lorsque je m'arrête, il me sourit d'un air malicieux et disparaît, comme s'il n'avait jamais existé. Du coup, je me retrouve devant une feuille blanche avec cette rage intérieur: de mon inspiration passagère, il ne reste qu'une trace d'un souvenir. Tout cela pour vous dire que j'ai perdu un chouette poème que j'aurai bien aimé partager.

Il n'empêche que certaines personnes sont capable de rédiger des textes et des histoires drôles et sympathique, parfois belles, comme cette fable, que j'ai lu sur la route au bord de l'Oder, qui essaie d'expliquer pourquoi le village de Krebsjauche se nomme ainsi.
"Il y a quelques temps, non loin de Francfort, un crabe (ou une écrevisse) et un renard ont fait un pari. Chacun était certain de battre l'autre dans une course à pied ou à pattes d'un point A à un point B (peu importe: mettons de Francfort à Wiesenau). Le renard pas fou et sûr de lui-même, commence doucement sans trop se presser. Son adversaire, un peu moins fou, s'est agrippé à ce dernier sans que celui-ci ne se doute de rien. Cette course quelque peu ennuyante (je ne vous décrirai pas le paysage, si ce n'est que la route longe une digue qui a cédée quelques fois, en moyenne tous les 50 ans) se poursuit jusqu'à quelques mètres de la ligne d'arrivée. C'est à ce moment-là que le renard sent une douleur atroce, se débat vigoureusement et finalement perd son pari. En effet, son petit adversaire malicieux s'est fait une joie de le pincer pour ensuite relâcher prise au bon moment, de manière à être propulser par-dessus la ligne d'arrivée. À ce moment, l'écrevisse crie "Krebs juchhe!" Et lorsque le village fut construit en ce lieu, il fut nommé ainsi en souvenir de cette écrevisse."
Franchement, même si cela semble pas du tout crédible (vous avez déjà entendu une écrevisse crier "Krebs juchhe!" ou faire des paris avec des renards?) j'aime bien!

Il y a d'autres histoires, un peu moins drôles. Comme vous le savez, je suis l'Oder (dans le sens de "suivre" et en amont), le fleuve qui fait frontière entre l'Allemagne et la Pologne. Et ce fleuve à la fâcheuse tendance à quitter son lit de manière fracassante avec quelques inondations parfois dramatiques (1997 pour la dernière fois, mais aussi en 1947 et probablement à des dates antérieures).
Celle de 1947 s'est produite après un hiver relativement frais, selon mes sources, au point que l'Oder a complètement gelée. Lors du dégel, de gros blocs de glace ont obstrués l'écoulement prévu par l'homme (lorsqu'il y a des digues, la rivière n'est plus "naturelle") au point d'exercer une telle pression sur la digue que celle-ci a cédé a hauteur de Reitwein. Lorsqu'une telle catastrophe se produit peu après une guerre, il est aisé d'accuser le conflit d'avoir affaibli la structure de la digue. Or en 1946, la digue était a nouveau assainie et était prête a faire face à des crues importantes.
Une autre accusation était dirigée contre l'union soviétique: en effet, les russes ont bombardé les blocs de glace bloquant l'écoulement du fleuve et on pensait alors qu'il auraient également touché la digue. Il se trouve cependant que les bombardiers russes ont survolé cette région quelques heures après la rupture de l'installation.
C'est donc une conjoncture de phénomènes naturels qui a, une fois de plus, montré à l'homme que ce dernier est une bien petite chose...

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